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Voici une superbe dataviz vidéo (merci à Simon Kuestenmacher, un géographe allemand, qui l’a diffusée sur Twitter) de tous les séismes qui se sont produits sur Terre entre juillet 2017 et juillet 2018 :

Chaque point lumineux est un séisme ; l’intérêt de cette dataviz est d’introduire la 3D dans la localisation des séismes, que l’on représente d’habitude à plat sur une carte. Du coup on se rend compte que les tremblements de terre, que l’on imagine se produire à la surface du globe, se produise en réalité sous la surface, souvent à seulement quelques kilomètres de profondeur mais parfois beaucoup, beaucoup plus profondément, jusqu’à 700 km(*) !

Nombre de ces séismes très profonds ne sont que peu perceptibles en surface, mais ils n’échappent pas aux très sensibles sismomètres installés un peu partout sur le globe par les sismologues et qui permettent de les localiser très précisément. Le mécanisme qui les provoque est très particulier, c’est l’objet de ce petit article.

Quelle est l’origine des séismes ? La tectonique des plaques nous apprend que la partie la plus externe du globe terrestre, la lithosphère, est constituée de différentes « plaques » d’environ 100 km d’épaisseur en moyenne qui se déplacent en permanence à la surface du globe, à une vitesse de quelques centimètres par an. Certaines plaques convergent l’une vers l’autre et glissent l’une sous l’autre, tandis que d’autres divergent. Étant composées en surface de roches solides et rigides, ces mouvements de plaques ne sont pas fluides : les plaques se coincent, se bloquent facilement l’une contre l’autre, mais la tension s’accumule au cours du temps et les plaques finissent par se décoincer brutalement et par coulisser d’un coup, ce qui produit un séisme (ou tremblement de terre).

L’étude des séismes montre que leur profondeur dépend du type de mouvement relatif des plaques qui les provoquent :

  • les séismes superficiels de quelques dizaines de km maximum de profondeur se produisent aux endroits où les plaques divergent, par exemple à la jonction des plaques américaines et européennes qui passe au milieu de l’océan atlantique,
  • les séismes intermédiaires de quelques dizaines à une centaine de km de profondeur se produisent aux endroits où les plaques convergent, par exemple le long de la côte est de l’Amérique du Sud,
  • les séismes profonds, jusqu’à environ 700 km, se produisent de même à proximité des plaques convergente, à l’endroit où une plaque glisse sous l’autre et s’enfonce loin dans les profondeurs de la Terre, par exemple sous l’Indonésie
Mouvements des plaques tectoniques

Jusqu’à il y a peu, le mécanisme à l’origine des séismes très profonds restait une énigme pour les sismologues. En effet, à plusieurs centaines de kilomètre de profondeur, la température et la pression sont telles (plusieurs dizaines de milliers de bars, environ 1000°C) que la roche devient globalement visqueuse et n’est plus sujette au mécanisme de blocage-relâchement qui explique les séismes superficiels et intermédiaires.

Ce n’est que depuis quelques années qu’un mécanismes explicatif a été proposé (voir ici) : en s’enfonçant profondément, le principal minéral constituant le manteau terrestre, l’olivine, devient autour de 1000°C de plus en plus compact et en même temps moins résistant, et il finit par se fracturer à cause de la pression, ce qui cause ces séismes…

Pour en savoir plus sur les séismes, allez donc faire un tour sur le site de l’Université de Laval au Québec, ça change de wikipedia ;-)

(*) sur la vidéo, connaissant le rayon de la Terre d’environ 6370 km, les séismes semblent se produire bien plus profond que seulement 700 km. Cela est dû au fait que, lors de la fabrication de la vidéo, la profondeur a été volontairement exagérée (x8) pour être bien visible. Exactement comme sur les cartes géographiques en relief : l’altitude des montagnes est exagérée pour être mieux visible.

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Aujourd’hui 19 mai c’est l’anniversaire d’une personne que je connais, ce post d’interlude(*) lui est dédié ! ;-)

Voici un tableau réalisé par un artiste américain nommé Matthew Cusick :

« Fiona’s wave » – Matthew Cusick

C’est une vague, OK.

Maintenant cliquez ici pour voir l’image en grand et zoomez : cette vague est en réalité un collage d’une multitude de petits bouts de cartes géographiques… Génial, non ??

Matthew Cusick en a réalisé plusieurs, différents : voir ici !

Bon anniversaire ! ;-)

Philippe

(*) Les plus jeunes d’entre vous ne peuvent se souvenir des « interludes », ces petites séquences hors du temps qui, au siècle dernier, étaient diffusées à la télévision entre les programmes...
Ce post est un interlude car il n’y a pas de science dedans, contrairement à tous les autres...

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Le post d’aujourd’hui porte sur feue la période confinée que nous venons de vivre. Un post toujours graphique bien sûr, mais avec des mathématiques dedans… noooon ne fuyez pas, vous allez voir ça va bien se passer !

Voici la trace GPS obtenue en réalisant l’objectif que je m’étais fixé pendant le confinement, qui était de parcourir à pieds TOUTES les routes et TOUS les chemins à l’intérieur du cercle de 1km de rayon autour de chez moi autorisé pour les sorties dédiées à l’activité physique (*)

Voyant cette carte, quelqu’un m’a demandé : « Est-il possible de faire ce parcours sans repasser deux fois par la même route ou le même chemin (en enlevant les impasses) ? »
Voilà ce que je lui ai dit :
– pour mon quartier la réponse est clairement non,
– dans le cas général, la réponse est que… ça dépend de la configuration du quartier ! Il y a toutefois une règle simple intéressante à connaître. La voici.

Faisons d’abord les hypothèses suivantes :

  • Dans le quartier il y a des routes & des chemins – dans la suite je parlerai seulement de « routes » – branchées sur des « carrefours ».
  • Cet ensemble de routes et de carrefours forme un « réseau » (en maths on appelle ça un « graphe »).
  • Le réseau est en un seul morceau.
  • L’extrémité d’une impasse est un carrefour un peu particulier, avec une seule route branchée dessus.

La règle est la suivante :
Un parcours sans repasser deux fois sur la même route est possible seulement s’il existe zéro ou deux carrefours avec un nombre impair de routes branchées dessus.

Voilà. Simple, non ?
Pas simple pour vous ? Essayez le petit jeu de l’enveloppe.

Dans la plupart des quartiers réels la règle n’est pas respectée : il existe de nombreux carrefours impairs (impasses par exemple), d’où l’impossibilité d’un parcours sans repasser par la même route.

On pourrait raffiner en se demandant si on peut faire le parcours en revenant à son point de départ… Ou en se fixant un point de départ particulier… Toutes ces questions s’étudient mathématiquement en faisant appel à la théorie des graphes, dont la règle ci-dessus (dite « théorème d’Euler« ) fait partie.

Voilà, vous ne pouviez pas continuer à vivre sans savoir cela, n’est-ce pas ?
Vous pouvez maintenant reprendre le cours normal de vos activités.

Philippe

(*) pourquoi un tel objectif me demanderez-vous ? Et je vous répondrai : pourquoi pas ?

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Qui a dit qu’il pleuvait plus qu’ailleurs en Bretagne ?

Voici les prévisions de cumul de pluie pour les 8 prochains jours à compter du 12 mai 2020. Lisez bien la légende, scrutez bien la carte, la conclusion est sans appel : le seul endroit de France où il est prévu 0 mm de pluie (petite zone blanche sur la carte) est… Brest.
Voilà.

Pour les curieux, le GFS (Global Forecast System) est le modèle de prévision numérique du temps du National Weather Service des États-Unis (en savoir plus).
De nombreux sites météo dans le monde reprennent ses données de prévisions. Par exemple sur le site météociel.fr, vous pouvez retrouver ici les prévisions de précipitations sur la France toutes les 3h jusqu’à +10j.

Source initiale : @cassouman40 (Twitter). Christophe Cassou est climatologue, directeur de recherche au CNRS et un des auteurs du 6éme rapport du GIEC (pas encore sorti).
NB : dans son tweet il parle en fait de Ouessant et pas de Brest. Que cette petite distorsion me soit pardonnée, c’est pour le clin d’œil à Erwan ! ;-)

Pour finir, ne cliquez surtout pas ici, sinon vous saurez ce que disent les statistiques sur de longues durées…

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Vous vous souvenez de l’univers pictural si particulier du film Delicatessen réalisé par Caro et Jeunet, tout en couleurs chaudes et dorées ?
Un cartographe anglais nommé Alasdair Rae a réalisé une magnifique carte mondiale qui semble directement inspirée de l’univers coloré de Jean-Pierre Jeunet.

Elle donne à voir les densités de population humaine sous forme de pics qui, tels d’esthétiques gratte-ciels, matérialisent les villes du monde :

Cliquer sur l’image pour agrandir

On remarque bien sûr l’Inde et la Chine si denses, l’Afrique de l’Ouest, le Maghreb, le désert australien, le Nil et son delta, l’Éthiopie, la faible densité des grands pays (Australie, États-Unis, Russie), les Philippines…

Alasdair Rae a décliné sa carte en zoomant sur différentes régions du monde. Voici l’Europe et la France :

Cliquer sur l’image pour agrandir

Source : http://www.statsmapsnpix.com
Données utilisées par Alasdair Rae : GHS_POP

Edit le 20 mai 2020 : on me dit que la tonalité des couleurs de ces cartes fait aussi penser au générique de Game of Thrones. Qu’en pensez-vous ?

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Le dernier rapport de l’Agence Internationale de l’Energie, sorti fin avril 2020, a pour objet l’impact de la crise Covid-19 sur la demande en énergie et les émissions de CO2.

Il prévoit (graphique ci-dessous) une chute historique, sans précédent, pour l’année 2020, des émissions de CO2 : environ – 8%. Bien sûr ce chiffre reste à confirmer puisque l’année n’est pas terminée ; le chiffre définitif dépendra de l’évolution de la situation d’ici fin 2020.

Source : AIE – Global Energy review 2020

Nota : vous aviez bien sûr en tête que le volume total des émissions de CO2 a désormais dépassé 40 milliards de tonnes (Gt) par an, ce que ne montre pas ce graphique qui culmine à environ 33 Gt. C’est parce qu’il présente seulement les émissions liées à l’énergie. Il faut y ajouter les émissions dues à la déforestation (entre autres) pour obtenir le total des émissions de CO2.

Ces 2 à 3 milliards de tonnes de CO2 qui ne fileront pas dans l’atmosphère en 2020 ne sont certes pas une mauvaise nouvelle pour le climat. Toutefois ce chiffre est une occasion de prendre conscience de l’ampleur de la tâche qui est à mener pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique. En effet, pour avoir une chance de limiter la hausse de la température à 1,5°C, il faudrait arriver à une chute des émissions de CO2 annuelles similaire soit environ -8%… tous les ans jusqu’en 2030 !

Pour aller plus loin :
lire par exemple cet article sur le site novethic.fr.

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Voici un graphique présentant pour les différents pays le nombre de cas de Covid-19 au 20 avril 2019 en fonction du nombre de restaurants McDonald’s du pays.

Source : @laydgeur

Surprise, il y a une nette corrélation : plus il y a de magasins Mc Donald’s dans un pays et plus il y a de cas Covid-19 !

Qu’est-ce à dire ? Les restaurants MacDo sont-ils un « cluster » de propagation du virus ??

Euh… a priori non. Ce graphique permet en réalité d’illustrer le fameux principe « corrélation n’est pas causalité« . En effet si un pays a beaucoup de cas Covid on peut penser que c’est d’abord – parmi d’autres facteurs – une conséquence de l’importance de sa population. Et plus la population est importante, plus il y a de magasins MacDo…